Magazine mensuel de dialogue culturel Depuis 2001 • No 26 • Montréal • 15.10.2006

ARCHIVE

Otilia Tunaru
Interview avec Shola Doummar (fr)

Octobre 2006

Miruna Tarcau, une jeune Agatha Christie de nos jours

À seize ans, elle publie son premier roman policier. Une multitude des projets qui surgissent d’un désir inouï de connaître et de partager.

Par Otilia Tunaru

Une rencontre avec la jeune écrivaine Miruna Tarcau est comme un jeu-surprise matriochka qui emboîte plusieurs poupées. J’avais lu dans la présentation de son livre : « Une auteure est née » et j’étais impatiente de connaître « la jeune Agatha Christie ». J’ai découvert une jeune fille très ouverte, qui aime dialoguer, prêter attention à tout ce qui se passe dans l’actualité. Elle joue du piano depuis neuf ans, elle a fait du ballet jazz pendant huit ans, elle a étudié le dessin, a fait du théâtre et a suit des cours de cinéma. Son côté romantique aime les arts, la poésie, la nature; l’autre côté d’exploratrice aime sonder l’inconnu, le suspense de l’aventure, l’histoire et les sciences. La maturité de ses propos est conjuguée d’une joie et d’une sincérité débordantes. Quand elle parle, elle est tellement expressive; je n’étais pas du tout étonnée quand elle m’a avoué son envie d’animer d’activités pour les jeunes. Ses talents et ses idées éclatantes sont maintenant acheminées vers un but ambitieux : écrire et publier des livres.

Miruna a commencé à écrire pour s’amuser; ses premiers lecteurs furent sa maman et ses collègues d’école. Progressivement, ses essais sont devenus des histoires captivantes, qui tenaient son petit public en haleine. Elle a compris que seulement l’assiduité peut mettre le talent en évidence. À seize ans, Miruna vient de publier le roman policier L’Ile de Diable qui sortira en novembre dans toutes les librairies du Québec. Elle parle déjà de son style, de la manière de placer l’intrigue et de développer un profil psychologique. La jeune Miruna a des projets très précis. Elle a des croquis et des textes pour un livre de bandes dessinées, elle a commencé la suite de son roman policier et elle me parle de son projet le plus cher : un livre fantastique. « C’est une sorte de fable sur la guerre, dont l’action se place dans un monde parallèle et le conflit rebondira sur la Terre de nos jours. » m’avoue-t-elle d’un air préoccupé. Pour ce livre elle s’est beaucoup informée sur l’histoire antique, lors de ses lectures et de son voyage en Grèce. Maintenant, elle se sent préparée pour mener à la fin ce projet qui est plus complexe. Son style vivant, son aisance pour créer le suspense et sa touche d’ironie lui permettra de traiter ce sujet actuel qui est la guerre.

Le lancement de son livre sera organisé vers la fin du mois de novembre dans une librairie Renaud Bray et également dans la communauté roumaine, car Miruna n’a pas oublié la langue et ses racines roumaines. Miruna sera présente au Salon du Livre de Montréal au stand Fidès et une séance de signature aura lieu le 18 novembre entre 17:00 et 18:30. Elle a hâte de rencontrer des lecteurs, de partager, d’entreprendre des discussions et de continuer son travail acharné.
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Otilia Tunaru : Comment as-tu commencé à écrire?

Miruna Tarcau : Quand j’étais petite, je dois avouer que j’étais plutôt réticente à toute forme de lecture. Les premiers abécédaires ont été pour moi une véritable torture. Seulement, au fil des ans, j’ai peu à peu changé de milieu et de fréquentations. Ce qui m’a vraiment ouvert à la lecture, ce sont en fait les bandes dessinées –il m’arrivait d’en lire jusqu’à une dizaine par semaine, ce qui constituait la limite de ce que l’on pouvait emprunter à la bibliothèque! Après les bandes dessinées, j’ai lu beaucoup de romans jeunesse, puis des romans policiers et des best-sellers fantastiques.

O.T. : Alors, tu es devenue d’abord une mordue de la lecture. C’est la lecture assidue qui t’as donné le goût de rédiger toi-même des histoires?

M.T. : En fait, c’est avec Harry Potter que j’ai vraiment commencé à écrire. J’avais dix ans, et j’avais déjà lu les quatre premiers plusieurs fois, en français et en anglais. J’étais naturellement impatiente, tout comme mes amies, de lire le cinquième! Et comme ça tardait de plus en plus, je me suis mise à imaginer une suite. Il faut dire que j’ai été encouragée de tous les côtés : on me disait de continuer, de développer, et en fait si j’avais pu, je crois bien que j’aurais carrément écrit une version alternative du cinquième livre de Harry Potter! C’est vraiment grâce à cela que je me suis « fait la main », comme on dit. Je pense que ça a beaucoup aidé à former mon imagination. Et avec l’imagination est progressivement venue la concrétisation de mes idées, ce qui consiste à les mettre sur papier et, donc, à écrire. Mais il faut avant tout avoir beaucoup lu pour développer un style propre et savoir structurer et mettre en place un récit.

O.T. : Pourquoi t’être tournée vers le roman policier? C’est un style qui te convient?

M. T. : En vérité, je n’avais aucunement l’intention d’écrire un roman policier de 400 pages lorsque j’ai commencé à travailler sur « L’île du Diable ». Je n’avais même aucune idée que ça finirait par être classé comme roman policier : c’était plutôt une histoire fantastique tournant autour d’un des personnages principaux, aux limites du surnaturel… Ce n’était pour moi rien de plus que ces autres dizaines d’histoires à thèmes et styles variés que j’ai débutées sans jamais vraiment finir.

O.T. : Alors, tu as acquis par toi-même de l’expérience, une certaine manière d’élaborer et de travailler tes écrits?

M. T. : Mon plus gros problème, avant, c’était que je n’avais jamais de plans ni de structure claire et nette dans mon récit. J’allais là où le vent m’emportait, au gré de mes inspirations. Cette méthode, je l’ai vite appris, s’est révélée peu fructueuse et surtout trop vague pour l’écriture d’un roman. Pour tenir le lecteur en haleine, il faut irrémédiablement savoir où l’on va et comment alterner les moments clés du récit et les coups de théâtre pour faire progressivement croître le suspense. Sans plan, rien ne se tient. Comme c’est en écrivant que l’on apprend à écrire, c’est ainsi que j’ai appris à être à l’aise avec le roman policier. C’est un style qui permet beaucoup de choses –de l’humour, du suspense, du drame, de l’action… Mais je ne veux pas m’arrêter sur un seul style, je veux autant que possible élargir mes horizons avant de choisir ce que j’aime le plus.

O.T. : Parle-nous un peu de ton roman « L’île du Diable ».

M. T. : L’action se passe de nos jours sur une île imaginaire de la Manche. C’est une fête organisée par la très riche héritière d’une vieille famille de la noblesse française, réunissant huit de ses amis les plus intimes : quatre soldats du Québec et quatre amies d’université, en France. Un policier, par le biais d’une lettre d’invitation mystérieuse, se joint au groupe le soir même d’une tentative de meurtre… Les communications sont coupées, le groupe n’a plus aucun moyen de retourner en France avant l’arrivée du traversier –ils doivent passer sept jours sur l’île avec un meurtrier parmi eux. Le suspense augmente à mesure que les jours passent, car plus l’on approche de la date de retour, plus le meurtrier est poussé à commettre des actes désespérés pour toucher sa victime. Des jeux psychologiques et surtout, l’hypocrisie et le mensonge dans les relations qui unissent ce groupe d’amis jouent à l’avantage de l’assassin, et contre le policier.

O.T. : Des meurtres, des empoisonnements, une histoire d’enfants illégitimes… ce n’est pas trop sérieux pour une jeune de 11 ans?

M. T. : L’histoire était en effet beaucoup moins sérieuse lorsque j’avais 11 ans. En trois ans, j’ai écrit une première version du roman, soit plus ou moins les trois premiers jours de la semaine que mes personnages passent sur l’île du Diable. Puis à 14 ans, mécontente de la première version trop enfantine de cette histoire qui se complexifiait de plus en plus et dont les événements dépassaient de beaucoup la manière naïve dont j’avais débuté le récit; j’ai décidé de tout réécrire. Durant toute l’année scolaire 2004-2005 j’ai écrit la première moitié de la version définitive de mon roman, et c’est au cours de l’été que j’ai écrit la deuxième moitié du livre, qui elle contient les meurtres… C’est un roman pour adolescents et jeunes adultes, avec une dose d’humour, d’ironie et de problèmes réels. Le milieu dans lequel les personnages sont créés permet aux lecteurs de s’identifier un peu à eux, et surtout de décontracter une ambiance qui autrement ferait de ce roman policier un « thriller » psychologique.

O.T. : Le côté psychologique ne demande-t-il pas de l’expérience de vie? Après tout, tu as 16 ans…

M. T. : Il faut dire que je n’ai pas pour ainsi dire dressé un profil psychologique de mes personnages avant de débuter mon récit; je me suis surtout inspirée de ce que je voyais autour de moi, que ce soit dans les films, les livres, mes amis ou connaissances –avec tout ce bagage de personnalités différentes, j’avais bien assez pour développer dix personnages aux profils psychologiques bien définis et uniques. D’après moi, l’authenticité des caractères est primordiale dans un roman.

O.T. : Comment obtenir l’authenticité? C’est un gros défi même pour les plus grands écrivains et artistes. L’imagination est là, mais cette véracité doit être construite. As-tu réussi d’être authentique dans ton écriture?

M.T. : Le lecteur doit comprendre pourquoi tel personnage choisit de faire une chose plutôt qu’une autre, ou du moins s’il ne comprend pas, il doit au moins y croire. Pour rendre les personnages aussi crédibles que possible, j’ai suivi certaines étapes dans leur développement pour leur permettre d’évoluer avec l’histoire. Il est certain que, dans le cas d’un roman policier, les personnages qui vivent à travers de tels événements ne seront plus les mêmes à la fin du livre qu’au début… D’ailleurs, tout comme des personnes réelles, ils ne doivent pas être complètement bons ni complètement mauvais. Des faces cachées, des revirements, des sautes d’humeur, des défauts, des tics : tout cela contribue à la crédibilité d’un personnage. Et pour mettre en place tout cela, je leur ai à chacun créé un passé commun ainsi qu’une histoire personnelle pour que ce que j’écrive ne se contredise pas. Mais je ne parle pas beaucoup de ce passé dans « L’île du Diable ». Je prévois une suite de ce roman, qui parlera plus d’eux et de ce qu’ils sont devenus dix-neuf ans après cette aventure, lors d’une réouverture de l’enquête.

O.T. : Est-ce difficile de publier un livre?

M. T. : Publier un livre est presque aussi difficile que d’en écrire un. L’un comme l’autre demandent énormément de travail : ce sont des heures et des heures devant l’ordinateur à rechercher des éditions sur Internet, à envoyer des lettres de présentation à tous les éditeurs, à attendre qu’ils demandent le manuscrit ou, si on envoie directement le manuscrit, à attendre l’accusé de réception… Certains éditeurs ne se donnent même pas la peine de répondre quoi que ce soit. Et pour ceux qui prennent cette peine, la lettre est le plus souvent standard, et n’aide pas du tout l’auteur à trouver une édition qui serait intéressée à publier son roman…dans mon cas, qui encouragerait les jeunes par exemple.

O.T. : Quelle est ton opinion sur les problèmes actuels des jeunes : la hyper sexualisation des filles, la publicité agressive qui crée des faux modèles, la violence dans les jeux vidéo et dans les films, les problèmes de consommation dans une société de surconsommation, le décrochage scolaire à cause de la tentation des «jobines», la mal bouffe etc?

M. T. : La télévision pousse de plus en plus les limites de la normalité et de la tolérance. Ce qu’on y voit nous habitue à cet univers hollywoodien, qui en fait n’est créé par les producteurs de cinéma et les compagnies de film que parce qu’il rassemble tout ce que le public demande : violence, sexualité et drames. Je crois que c’est en quelque sorte un cercle vicieux : on ne peut pas les blâmer de nous donner ce que nous voulons, mais si nous n’avions jamais été exposés à une telle dose de sexe et de violence, ce n’est pas ce que nous voudrions qu’ils nous donnent… Les jeunes sont comme les adultes, sauf qu’ils sont plus influençables. On s’influence entre nous et on est influencé par ce qu’on voit à la télé. Par exemple, moi-même lorsque j’étais petite, j’avoue avoir été une fan des Power Rangers. Une telle émission, qui n’a aucune valeur éducative ou presque puisqu’elle ne consiste en gros qu’à montrer des batailles, peut-elle réellement apporter quoique ce soit de bénéfique aux jeunes enfants, mis à part les occuper? La question se pose aussi bien pour les adolescents que pour les adultes…

O.T. : À ton avis, quels sont les vrais valeurs dans la vie? Comment les adultes et les enseignants peuvent aider et encadrer les jeunes?

M. T. : Selon moi, la meilleure façon pour les adultes et les enseignants d’intéresser les jeunes à l’école, à l’éducation et à la lecture, c’est de s’impliquer réellement dans la réussite personnelle de chaque élève. Trop de jeunes voient l’école comme un lieu de rencontre et de social plutôt qu’un lieu où apprendre : sécher les cours entraîne une retenue et non pas un retard dans le programme; y aller, c’est pour les notes… À force de vivre le quotidien on oublie ou carrément, on ne comprend jamais vraiment à quoi sert l’école. Et si on se dit que l’école amène à l’argent, on lâche l’école pour aller en faire. Les valeurs qui comptent, c’est le travail qu’on fait par plaisir, la famille et trouver le moyen d’être heureux dans la vie.

PHOTO : Miruna Tarcau, la jeune auteure de seize ans - par Otilia Tunaru.

Octobre 2006

Club Photo de Verdun, Un seul point commun : le talent!

« La photographie est un art solitaire mais aussi un travail d’équipe. »

Par Luz Garcia

Le Centre Culturel de Verdun nous présente l’exposition du « Club Photo de Verdun » sur le thème : « Trio et ruelles » où une dizaine de ses membres-photographes nous montrent leur vision, à travers leurs photos, d’une façon dynamique, des ruelles et du trio. Dans une ambiance de musique et de lumière douce, leur vernissage, qui a eu lieu le mercredi 20 septembre dernier, fut un vrai délice et le public a pu découvrir et apprécier la richesse de cette variété. Marc-Aurèle Marsan, un photographe qui a exposé à Montréal et à l’extérieur, l’actuel président du groupe depuis bientôt 3 ans, nous informe : "Le Club Photo de Verdun compte une vingtaine des membres qui viennent d'un peu partout et de différents horizons sociaux, un point commun : la curiosité".

Une grande diversité et une ombre et lumière magnifique caractérisent cette exposition, qui représente un groupe bien solide et fraternel. Jusqu’à 3 novembre, laissez-vous toucher par cet univers de ruelles, d’ombre et de lumière du groupe Club Photo.

LG: Par qui et quand a été fondé le Club Photo de Verdun?
MAM: Il a été fondé en 1982 et il fut dissout en 1997 pour ensuite renaître en 1999 et c’est M. Gilles Comtois, qui est par ailleurs photographe invité à notre présente exposition, qui l’a relancé.

LG : Quelles sont les activités pratiquées par votre Club Photo?
MAM : Nous donnons des cours théoriques et des pratiques, nous organisons, également, des sorties extérieures et des visites d'exposition. Toutefois, le plus important est l'échange de connaissances entre passionnés de photo. De nombreux témoignages soulignent l'importance de partager nos connaissances avec d'autres photographes pour s'entraider.

LG : Est-ce que vous exposez souvent en groupe?
MAM : Oui, nous organisons au moins une exposition annuelle. Le CPV expose les oeuvres de ses membres photographes grâce à l'aide de l'arrondissement de Verdun. En effet, Le Centre Culturel de Verdun et le Centre Elgar, à l'Ile-des-Soeurs, prêtent leur espace pour la diffusion de l'art photographique et nous exposons, aussi, dans d’autres endroits.

LG : Dans chacune de vos expositions, il y a une thématique, par qui elle est choisie?
MAM : Effectivement, la thématique reste très importante et elle est choisie par l’ensemble des membres. Par exemple, l'exposition présente du CPV s'intitule Ruelle et Trio. Deux thèmes traités de façon très libre. Cela donne une diversité de styles très appréciée des spectateurs. Pendant l'été, tous les membres ont laissé libre cours à leur imagination pour trouver une manière personnelle de voir les ruelles ou d’aborder le concept de trio.

LG : En voyant la grande diversité des photos et en s’attardant dans la magnifique ombre et lumière qu’elles dégagent et qui caractérisent cette exposition, nous pouvons sentir l’esprit solide et fraternel d’un groupe de travail.
MAM : Certainement! La photographie est un art solitaire mais aussi un travail d'équipe. Dans notre groupe, ceux et celles qui ont plus d'expérience aident les débutant(e)s dans leur démarche créatrice et on sent cette convivialité et cet esprit familial, comme vous le dîtes!

LG : Pouvez-vous nous parler un peu de vous. Depuis combien de temps vous pratiquez la photographie et combien de temps il faut pour devenir un bon photographe?
MAM : Je pratique la photographie depuis bientôt neuf ans. Il faut du temps mais surtout de la pratique pour devenir bon. Apprendre à voir est un apprentissage qui peut prendre toute une vie

LG : La plupart des gens pensent que tout le monde peut réussir une belle photo, mais d’après moi, il faut avoir de l’œil pour le faire. Qu’en pensez-vous?
MAM : Tout à fait, il faut savoir observer, sentir la lumière, comprendre une image.

LG : Est-ce que vous avez une technique préférée pour le développement de vos photos?
MAM : Non. La technique doit servir ce que l’on veut exprimer

LG : Que pensez-vous des techniques modernes dans la photographie comme le Photoshop ou autre?
MAM : C’est utile dans bien des cas mais il faut une bonne photo au départ.

LG : Quels sont les photographes qui vous inspirent le plus?
MAM : Il y en a trop pour les nommer dans cet article. Mes goûts sont très variés.

LG : La plus part des photos dans l’exposition sont en blanc et noir. Est-ce qu’il y a une raison spécifique?
MAM : Les membres du Club Photo peuvent profiter de notre petit laboratoire. De plus, c’est moins cher quand on agrandit soi-même sa photo en noir et blanc.

LG : Ce qui m’impressionne le plus dans votre travail c’est l’originalité dans les choix des images de vos photos. Avez-vous une idée préconçue avant de prendre la photo?
MAM: Non, je me laisse guider par mon instinct.

LG : J’ai remarqué que dans vos photos, il y a des angles très intéressants et vous prenez uniquement une partie d’une image et ça donne quelque chose de très original. Qu’est-ce qui influence ce choix?
MAM : Tout dépend du concept que l’on choisit. J’aime le mystère dans une photo. J’aime ne pas tout expliquer dans une image. Il faut laisser une place à l’imagination du spectateur.

LG : Avez-vous des sujets préférés?
MAM : Le portrait, le paysage, le reportage et l’architecture sont mes sujets préférés.

LG : Comment trouvez-vous l’accueil réservé à la photo dans le milieu des arts visuels à Montréal ou à l’étranger, comparée à d’autres arts comme la peinture ou la sculpture?
MAM : Il y a de plus en plus de place pour la photo et c’est tant mieux, mais au Québec, on a tendance à un peu trop privilégier l’art contemporain car la photo est encore reliée à une forme d’art visuel et non une forme artistique à part entière.

LG : Préparez-vous une autre exposition ici ou à l’extérieur?
MAM : Non, mais j’aimerais bien.

LG : Merci pour cette entrevue. Je vous souhaite beaucoup de succès pour vous et pour vos collègues et bonne continuation dans votre carrière!
MAM : Gracias!

Sur la photo, les exposants de « Trio et Ruelles »: Luc Auclair, Raymond Laberge, Denis-Carl Robidoux, Catherine Audet, Myriam Meeschaert, Jean-Paul Meeschaert, Anne Lebeller, Benoît Sauvé, Aurélie Petit, Marie-France Lepage, Karine Peccaud, Gilles Comtois (photographe invité) et Marc-Aurèle Marsan, dont Raymond Laberge, Marie-France Lepage, Karine Peccaud et Gilles Comtois absents.

Octobre 2006

A conversation between Paul Fenniak and Fabian Jean

The interview took place in August 2006 at Fabian's Studio.

Par Paul Fenniak

Fabian is a Montreal born artist. He got his bachelor degree at Concordia University in Fine Arts Studio. Paul Fenniak is born in1971 in Kingstone, Ontario and has his Masters in Fine Arts at Concordia as well. The painter is represented in N.Y. Forum Gallery.

 

PAUL FENNIAK: Let’s begin at the beginning... How do you start a new painting?

FABIAN JEAN: I don’t begin with a final image in mind, it’s more of a vague idea for an image. A “shadow of an idea” was how one writer described it.

PF: And how does it continue?

FJ: Once I have something down on canvas, a beginning of a figure, for example, I am often bombarded by thoughts and images which connect with that figure. It then becomes a sort of editing process where often the first things that come to mind are the most obvious and therefore the most dull.

The editing process is a bit like writing, say, a love poem. If you’ve ever tried to write one, the first draft would be riddled with clichés as just about every love poem has been written. So I pare down and eliminate before anything original occurs.

PF: Can you describe this part of the process with reference to a particular painting? How about ‘Birthday’? What was your “shadow of an idea” and what clichés did you have to sidestep when you got going?

FJ: Well, I started with the idea that it would be some sort of party. I didn’t really know that it would end up as a single figure since it was a process of adding elements as well as eliminating them.

I knew there would be a lot of clichés involved when I determined it would be a backyard birthday party. For example, I wanted to add balloons but realized they would look illustrational, so I simply implied one by adding a balloon string. It’s more interesting that way because the balloon exists only in the viewer’s mind.

It was actually a painful painting to make. Throughout it all, I lamented that it wasn’t working out. What got me through was that I asked myself by the end of each day: “Is it a better painting than it was yesterday?” Answering ‘yes’ to myself even though it was just a smidgen better allowed me to move on. It took over a month to paint.

PF: Do you approach the painting of a portrait differently from an interior or still life?

FJ: A portrait is quite different in that the slightest change in an eyebrow or a millimeter change in a line of the mouth can produce a completely different expression and emotion.

PF: Doesn’t that apply equally to the objects in a still life for instance?

FJ: Not at all. In fact, I think we can say for certain that people are particularly sensitive to facial expression. We can be quite adept at reading the subtleties of expression whether in the eyes or body language. Millimetres count.

PF: How do you choose your models – what makes a person appear to have the potential to be a part of one of your works?

FJ: I use only people I know. As you’re aware, for many works, I’ve used the same model, Isabeau. There’s simply a connection with her and a certain malleability to her features when I paint her. She’s an artist herself and doesn’t mind that I change her into, say, a 10 year old boy or girl. I like to call some my paintings ‘fictional portraits’ as they’re not portraits really – they’re largely invented.

PF: For subject matter you often choose prosaic, everyday things. What strikes me about your paintings is that you are able to make use of banal objects and settings to express highly concentrated emotions. How do you manage this? In one of his letters Flaubert agonizes over this question: how can an author “write the mediocre beautifully”?

FJ: I think your question refers to the kind of realism which you and I are interested in. We’re interested in a sort of painterly realism. By painterly realism, I mean we like to layer our paint, scratch it, make interesting marks . . . in a way, we’re trying to seduce the viewer, to invest the object through painterly means with a significance and presence it might not otherwise have.

PF: There are many art historical references in your paintings, ranging from Piero to Mondrian. As a result it looks to me as if the world in your paintings inhabits several different time periods simultaneously.

FJ: Of course it’s common that in our thoughts we frequently move from the present moment to memories triggered by associations from the things around us. I hope my paintings reflect this.

Octobre 2006

Interview avec Hélène Langevin

« Nous sommes à une époque baroque en danse, comme en théâtre. Les comédiens se mettent à danser et les danseurs se mettent à parler »

Par Otilia Tunaru

 

Hélène Langevin est la directrice artistique de la compagnie de danse Bouge de là, qui est destinée exclusivement à la création chorégraphique pour jeune public
http://www.bougedela.org/

J’ai connu Hélène Langevin lors d’un atelier de danse. Avec une aisance remarquable, la chorégraphe faisait les enfants découvrir les mouvements de leur corps et le rythme de la musique. Depuis, ma petite a acquis un nouveau jeu qui a fait partager à ses amis. « Maman, je fais de la chorégraphie! »-m’annonce-t-elle chaque fois quand ses gestes suivent le rythme ensorcelant. Il a suffi une heure pour que l’imagination enfantine s’envole, pour que la musique et la danse deviennent le plaisir de se laisser aller dans la cadence.

Hélène Langevin a fondé en 2000 la compagnie de danse Bouge de là qui a la mission d’ouvrir aux enfants une fenêtre vers l’univers magique de la danse. Le plaisir de bouger est très évident chez les jeunes; Hélène sait comment utiliser ce potentiel, en enseignant en même temps des notions de danse et de chorégraphie.

Le style de ses spectacles fait penser aux émissions pour enfants durant les années 60 et 70. Il rappelle aussi de Sol, de Gobelet et de cinéma muet. Comment classifier ce style un peu absurde, un peu fantastique, parfois même poétique? « C’est au critique à définir mon style, moi je fais un travail selon ma créativité. » nous déclare la directrice artistique de la compagnie de danse Bouge de là. Ses spectacles sont vivants, car plusieurs formes d'expressions scéniques s’y marient : danse, musique, clowns, vidéo, acrobatie, théâtre d’ombres, poésie... Avec de l’humour et de la passion, elle va à la rencontre des petits dans les écoles et dans les théâtres.

Le plus récent spectacle CHUT!! est en tournée partout au Québec et fera vivre la scène du festival Coups de théâtre, un événement international des arts pour le jeune public. À Montréal, les 16 et 17 novembre à 13h, Usine C.
http://www.coupsdetheatre.com/
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Otilia Tunaru : Vous êtes une chorégraphe spécialisée en création pour le jeune public et vous avez fondé la compagnie de danse professionnelle Bouge de là. Pourquoi avez-vous ciblé ce segment de public?

Hélène Langevin : J’aime bien les 5 à 10 ans. C’est l’âge ou le merveilleux et la poésie des images marchent bien. Ils possèdent aussi l’esprit magique et beaucoup de spontanéité. De plus, mon langage gestuel et mon style fonctionnent bien avec ce groupe d’âge.

O.T. : Comment expliquer le succès du spectacle Comme les cinq doigts de la main et de l’oeuvre La tribu hurluberlu, qui avait tourné durant plus de deux ans et avait été vu par 25,000 spectateurs?

H. L. : Je crois que mon style plaît. Mêler la danse avec le théâtre, raconter une histoire sur laquelle les spectateurs puissent s’accrocher, l’humour que j’y mets, l’expressivité des artistes, la danse acrobatique, l’ombre chinoise etc… Je les invite à voir une œuvre qui les provoque au niveau de leurs sens. Et puis il n’existe pas beaucoup de spectacles jeunes publics en danse pour ce groupe d’âge. Les diffuseurs et les professeurs ont bien embarqué; les jeunes aiment cette expérience avec la danse.

O.T. : L’humour est une caractéristique évidente pour la mise en scène de la compagnie Bouge de là. Est-il le rire un apanage pour l’enfance et pour la jeunesse?

H. L. : J’aime l’humour peut-être parce que je suis un peu clown à mes heures. J’aime quand on a du plaisir en studio; j’aime rire, alors on le sent dans mes spectacles. Mais aussi cela dépend du thème du spectacle. Avec Chut!! il y a des moments sérieux qui sont suivis par de moments plus joyeux ou mystérieux. Dans ma prochaine création, je vais aborder le thème de la mort. Va-t-on rire ou pleurer? De toute façon, la scène est là pour faire vibrer les enfants et c’est ce que je cherche à faire.

O.T. : C’est vous qui faites la chorégraphie ou vous laissez travailler l’imagination des danseurs? Comment choisissez-vous le thème et le concept des spectacles?

H. L. : Je choisis mes thèmes et j’amène mon équipe artistique dans cet univers. C’est moi qui ai le dernier mot. Par contre, en création contemporaine, le chorégraphe travaille beaucoup avec ces danseurs. Un spectacle c’est la somme de la créativité de tous. C’est merveilleux. Je garde toujours les meilleures idées, celle qui sert au spectacle ou à ma vision. Peu importe de qui ça vient.

O.T. : Vous vous préparez pour le festival Coups de théâtre qui commencera le 12 novembre. Qu’est-ce qui est spécifique de ce festival en comparaison avec la multitude de festivals qui sont à Montréal?

H. L. : C’est le seul festival qui s’adresse aux enfants. De plus, on a la chance de voir des productions étrangères qui sans ce festival ne viendraient pas ici.

O.T. : Vous allez présenter le spectacle Chut!!, un événement d’art d’interprétation. C’est un spectacle de danse contemporain ou c’est un nouveau style qui intègre diverses disciplines artistiques?

H. L. : Pour Chut!! j’ai mélangé le théâtre d’ombres avec la danse contemporaine. J’aime faire côtoyer différents arts ensemble et de plus, nous sommes à une époque baroque en danse, comme en théâtre. Les comédiens se mettent à danser et les danseurs se mettent à parler. C’est une période ouverte et assez libre.

O.T. : Votre compagnie donne d’ateliers dans les écoles et les théâtres. Comment se passent-ils?

H. L. : Les ateliers sont des activités préparatoires au spectacle. Ils ont pour but d’initier le jeune à la danse et de défaire les préjugés qui subsistent encore à ce jour : à savoir que la danse n’est pas pour les garçons ou bien que les jeunes ne vont pas la comprendre. Tous les jeunes sont des danseurs nés, ils ont besoin de bouger, alors un spectacle de danse c’est contagieux, ça leur donne des idées de mouvement. Mais pour cela ils ont besoin d’espace pour bouger. C’est là que j’interviens. Je les rencontre dans un gymnase et je les fais bouger afin qu’ils comprennent la vraie nature de la danse : le mouvement.

O.T. : Comment le public peut vous trouver? La programmation de vos spectacles.

H. L. : On va sur le site web :www.bougedela.org. On clique sur Chut!! puis encore sur La tournée.

O.T. : Quels sont les projets de la compagnie Bouge de là?

H. L. : On va tourner Chut!! tout partout au Québec, soit environ 60 shows. Je commence une nouvelle création et j’enseigne un peu partout quand mon horaire me le permet.
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Depuis ses débuts, la chorégraphe Hélène Langevin axe son travail sur la force de l’expression. Après avoir effectué des études en danse contemporaine à l’Université du Québec à Montréal et enseigné la danse créative auprès des enfants durant près de vingt-cinq ans, il n’est pas exagéré de dire qu’elle possède une connaissance intime du public à qui elle a choisi de s’adresser. Cela ne l’a pas empêchée de prolonger ses recherches en s’initiant à diverses techniques d’approches corporelles, en plus de la danse-contact-improvisation, du théâtre, de l’exploration de la voix et du tango. Avec un goût affirmé pour la théâtralité et le désir d’explorer différentes formes d’art, elle s’engage rapidement dans des projets juxtaposant vidéo, acrobatie et danse.

En 1988, elle s’associe à Ginette Ferland, Rolline Laporte et Guylaine Savoie, trois chorégraphes dotées de la même fougue créatrice, et fonde Brouhaha Danse. La compagnie se fait remarquer dans le cadre de plusieurs représentations et manifestations artistiques en construisant des pièces toniques qui constituent autant d’éloges à la désinvolture. Tour à tour, les quatre créatrices s’interpellent, provoquent, explorent et organisent de burlesques mariages entre les modes d’expression, devant des estrades pleines à craquer.

Au sein de ce collectif, Hélène Langevin conçoit Ça frise la frénésie (1988), une pièce ayant pour fil conducteur le rêve d’une jeune fille, tantôt maniée par les personnages sortis de son sommeil, tantôt manipulatrice de ses propres inventions. Suivront des oeuvres réalisées en collégialité: Méfiez-vous des faux frissons (1989), Claire (1991) et La Galerie des horribles (1992), un spectacle qui sera présenté à Montréal, au Centre national des Arts à Ottawa et à Dresden, en Allemagne.

Outre ces principales réalisations, Hélène Langevin échafaude avec Brouhaha Danse, ou en solo, plusieurs autres morceaux chorégraphiques, animations, happenings, et spectacles de rue, sur une période de dix ans. En 1996, elle change de cap et se tourne vers ce qui l’a parallèlement absorbée au cours de la dernière décennie : sa carrière d’enseignante en danse créative auprès des jeunes de la pré-maternelle, du primaire et du secondaire. Animée d’une nouvelle impulsion, elle décide de se consacrer à l’élaboration de spectacles de danse pour jeune public. Elle signe alors une toute première œuvre dans ce sens : Roche, Papier, Ciseaux.

Ludique, pleine d’humour et d’une théâtralité affirmée, elle met en scène un quatuor féminin, une équipée de collégiennes réfugiées dans la chambre d’une copine. Les interprètes choisies pour cette pièce, remplie de soubresauts gestuels et théâtraux, y soutiennent avec beaucoup de verve le jeu coloré qu’a imaginé sa conceptrice. Présenté dans la plupart des maisons de la culture de Montréal, ce spectacle effectue, en visitant Rimouski, une première incursion dans le réseau des salles du Québec.

Photo © Rolline Laporte- Séquence du spectacle CHUT!! Interprète : Julie Marcil

création et réalisation par Cristian Nistor

graphique et mise-à-jour Bogdan Malaelea-Toropu

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