La folie des yeux
Les yeux déferlent de passion
Dans les iris enragés, l’on voit surgir une flamme
Qui crie de déraison
Et peu à peu nous ronge les trépas de l’âme.
Tout comme la voûte percée de l’azur
Ils n’en sont en rien moins purs
Alors qu’ils se savent incomparables
À cet œil d’Horus, se référant à la fable.
Simple coïncidence ou plan machiavélique?
Cette pupille magique parle de couleurs
Mais ne trompe personne avec cet air angélique
Car elle peut vous faire voir vos pires peurs.
En vert, elle vous montre l’angoisse,
En rouge, elle vous laisse éclater de colère,
En mauve, elle démasque les adultères,
Et en jaune elle vous guide dans les impasses.
Cet atout, nous l’avons tous.
Mais nous servons-nous-en?
Il nous guide tous les ans
Mais déballera un jour sa gousse.
Au fil du temps, sa colère bouillonne
Tel un volcan rassemblant toute sa lave,
Il éclate! Détruit! S’envole, tourbillonne!
Foudroie ceux qui l’ont caché comme
en cave.
Ces couleurs, formes, toutes à l’état sauvage
Seront livrées à elles-même sans corps pour les
retenir.
Alors s’envoleront les atouts et se laisseront
bénire,
Ne formant ainsi plus qu’un, ne causant plus de
ravages.
Voir, ouïr, parler, toucher, goûter, sentir!
Tels sont les atouts qui nous sont attribués.
Et même si parfois nous n’osons pas le dire,
Malgré leurs faiblesses, cette aide n’est pas
méritée.
Que faisons-nous pour la vue?
Nous regardons des hommes s’entre-tuer!
Pour perdre ainsi de cœur et d’esprit les vertus
Qu’un être plus puissant a bien voulu nous donner!
Que faisons-nous pour la parole et l’ouïe?
Nous crions, blasphémons, chantons toute la nuit!
Laissant ainsi les jurons à la portée des enfants
Et la veillée ne permet pas à la vue de se reposer,
fainéants!
Que faisons-nous pour le toucher?
Nous torturons nos semblables pour en soustraire des
informations
Et ainsi les forcer presque à nous crier des jurons
Alors qu’ils étaient vierges d’esprit, privés d’un
corps souillé!
Que faisons-nous pour le goûter?
Nous empoisonnons les autres employant des ruses
malsaines
Alors qu’ils seraient bien preux au combat à la
pointe de l’épée
Se passant en un endroit fade, une plaine!
Et enfin, que faisons-nous pour l’odorat?
Nous nous plaignons qu’il ne soit pas assez
développé!
Mais pourtant nous pouvons sentir les pièges à plein
nez!
Et vous vous plaignez toujours quand quelqu’un meurt
intoxiqué?
Mais il y a un sens, une vertu, plus importante et
puissante que ses semblants de camarades.
Celle-là nous la sommes et nous voyons vos erreurs…
Nous ne sommes pas ici pour enlever votre bonheur,
Mais s’il consiste en la souffrance des nôtres, vous
pouvez toujours continuer vos jérémiades.
Miruna Tarcau, 2003