La vie

 

 

La vie est une épine de rose,

Elle défend ce qui est beau,

Sans être, en soi, belle,

Vient à bout des ignorants,

Des étourdis et des lâches.

Elle est partout, discrète,

Se terre sous les nids de pétales

Et de fragiles bourgeons,

Beauté, louanges et tristesse sont ses fruits,

Amour son parfum,

Folie son pistil.

La vie est une rivière

Dont la nature est le nid,

Et dont l’Homme n’est qu’un rocher

Qui croit être un barrage.

La vie est une bouteille

Jetée à la mer par un naufrager,

Battue par les flots

De l’adversité, de la peur et du destin,

Prisonnière de la mort

Qui étouffe son col.

Tant qu’elle existe, quelque part,

Espérant que quelqu’un viendra la retrouver,

Elle représente l’espoir.

La vie est un épi de blé

Cultivé dans un champ,

Avec travail et amour.

Commun, semblable à tous les autres,

Il passe inaperçu,

Tant qu’on en oublie parfois

L’amour et le travail

Dont il est à la fois

Le fruit et la semence.

La vie est une cerise

Dont la fleur couronnait

la couronne de feuilles,

Au sommet du cerisier.

Elle est si attirante, si belle, si riche

Avec son rouge lèvres en cœur,

Qu’on en oublie parfois qu’elle n’est que l’enrobage

Du noyau, qu’elle n’existe que pour donner naissance

À un nouveau cerisier.

La vie est un nuage,

Inconsistant, mystérieux

Et pourtant si banal

Que les Hommes préfèrent chanter les louanges

D’un Dieu qu’ils placent au-dessus des nuages,

Mais qu’ils ne peuvent pas voir,

Préfèrent gangrener leur Histoire

D’une série sans fin de guerres et de conflits,

Pour une question de territoires,

Bref, préfèrent parier ce qu’ils ont de plus cher

Contre des riens essentiels

Plutôt que de chanter des louanges aux nuages.

La vie est un rire d’enfant,

Aussi bref qu’éternel,

Aussi joyeux qu’innocent,

Même si parfois cruel.

Il tient à peu de choses,

Est condamné au silence,

Semble appartenir au néant

Duquel il naît et dans lequel il retombe,

Mais il est tout, car nul ne lui résiste.

La vie est un artiste

Dont les œuvres sont ses enfants, ses créations, ses mémoires.

Il œuvre pour le beau,

Lui sacrifiant jeunesse, peine et solitude

Sans jamais rien espérer d’autre de ses œuvres

Que ce qu’il leur a donné.

La vie est une comète,

Elle poursuit son chemin

Et laisse derrière son passage

Une traînée de poussière, de pleurs et de misère

Sur le voile de deuil d’une nuit étoilée.

La vie est un spectacle,

Une aurore boréale,

Une pièce de théâtre,

Une scène de dispute

Et un combat de coqs.

La vie est un champ de bataille,

Dure, impitoyable,

Mère de toutes les douleurs,

Mère aussi des exploits, de la chance, de la gloire,

Occasion inespérée de rayonner parmi les autres hommes.

La vie est tout cela,

Noble et injuste,

Puissante et fragile,

Exceptionnelle et partout,

Brève et infinie.

Elle est l’arme et le pansement,

La mère et la marâtre,

La faim et l’abondance.

Épine, rivière, épi, nuage,

La vie est tout ce que nous avons,

Tout ce qui nous entoure

Et qui nous définit.

Tâchons de la chérir quel que soit son aspect

Et gardons à l’esprit que sans un tout,

Il ne reste plus rien.

 

 

Miruna Tarcau, juin 2007