Mon île vue en
songe
Naufrager d’un monde partant à la dérive,
Je souhaite et j’attends, m’évadant avec l’âge,
Pour bâtir ma prison, forçant avec rage!
À la recherche d’un monde où liberté vive.
Qui donc dans ce monde m’accordera asile?
Je n’ai pas encore seize ans, et pourtant dans mon
cœur,
Je vois dans mes années des sanglots et des pleurs.
Trouverais-je donc un jour où m’isoler, une île?
Ô lourde peine à ma naissance imposée!
Celle dont un jour je souhaiterais m’évader!
Je cours lentement, je fuis, je m’égare,
Voyant enfin ma vie d’un unique regard.
Mon île est ma prison, ma liberté, mon espoir,
Et tout à la fois je veux ce qui m’est mal.
Ô désir impudent qui demeure sans égal!
Comment quitter un jour cette idée si noire?
Un monde que je souhaite, une vie que je redoute!
Évasion imparfaite qui me met en déroute!
Je me bats et rejette, sourde somme toute
À toute requête qui à elle ne s’ajoute!
Ce fardeau que je porte, c’est notre lot à tous;
La routine quotidienne, monotone, régulière…
Comment s’échapper de la journée d’hier?
Sur mon île vue en songe, là où le vent me pousse…
C’est la grande cavale! C’est la vie des gitans!
Un grand pas vers le Monde; petit pas vers l’avant;
Traverse les mers et jamais ne reviens,
Dans l’espoir prochain d’un nouveau lendemain!
De ce monde austère, certains veulent s’évader,
D’autres le changer; travaillent en solitaire,
Autistes sans repères; suicidaires illuminés…
Ô mort égalitaire! Chemin tant convoité!
Miruna
Tarcau, 2004